lundi 19 mars 2007

Festival des Dionysies

Un festival se déroule en ce moment à Paris (du 10 mars au 6 avril), discrètement, mais dans l’enthousiasme de ceux qui y assistent : il s’agit des Dionysies :
http://www.dionysies.org/
Sous ce nom (qui évoque le premier festival de théâtre du monde, celui de la Grèce antique) se dévoilent des manifestations de grande qualité conduites par deux compagnies théâtrales : la compagnie Démodocos (http://cpta.free.fr/ ) et la compagnie Dido Lycoudis. Les membres de ces compagnies sont à la fois des professionnels du théâtre et des passionnés de littérature grecque et latine. Cela donne des spectacles où les trois langues, grecque, latine et française se mêlent sans lourdeur, nous permettant de goûter à la fois l’agrément de la compréhension et la saveur de la prononciation.
Les pièces de théâtre proprement dites n’ont pas encore commencé, mais pour avoir déjà vu Antigone de Sophocle joué par la compagnie Démodocos l’année dernière (au Festival Européen de Latin et de Grec dont j’aurai l’occasion de vous reparler, mais dont voilà déjà un aperçu : http://www.antebiel.com/ASPASIE/journal/becherellatingrec.html ), je peux vous assurer qu’on ressort de là bouleversé par un spectacle qui ne ressemble à rien de ce qu’on a vu, qui semble à la fois terriblement moderne et terriblement antique : la reconstitution historique (masques, diction, passages en grec antique, etc.) est mise au service du plaisir du spectateur.
Pour l’instant, j’ai assisté au spectacle d’ouverture, une lecture : « Orateurs antiques contre la torture, la tyrannie et la vénalité », où Démosthène, Cicéron et d’autres nous ont fait trembler de honte, de peur, de rire, et trouver bien fades les discours des hommes politiques d’aujourd’hui…
J’ai également assisté (et participé) à une lecture par (presque) cent lectrices de cent traductions d’un même poème de Sappho, la poétesse grecque antique, poème connu entre tous où elle décrit les symptômes du coup de foudre : cœur qui bat, oreilles qui bourdonnent, bouffées de chaleur, yeux qui se voilent, langue qui se fige, sueur, perte du souffle… Ces cent traductions avaient été réunies par Philippe Brunet, professeur de grec ancien qui est par ailleurs le directeur de la compagnie Démodocos et l’organisateur des Dionysies. Loin d’être ennuyeuse, cette suite de lectures présentait une telle variété de tons, à la fois de la part des traducteurs et de celle des lectrices, que l’on était chaque fois curieux de la lecture qui allait suivre et chaque fois surpris et ravi, et finalement emporté dans un mouvement où l’humour l’a de plus en plus emporté sur l’émotion, jusqu’au bouquet final d’un grotesque sublime…

L’anthologie de traductions réunies par Philippe Brunet est publiée aux éditions Allia à un prix modique et sous le titre L’Égal des dieux de Sappho : http://www.alliaeditions.com/Catalogueview.asp?ID=18#

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